- News
Violences conjugales et confinement
Depuis le début du confinement, les violences conjugales ont augmenté de 32%.
Depuis le début de l’année 2020, 20 femmes sont décédées des suites de violences de la part de leur conjoint. “On s’attend clairement à une aggravation des situations”, s’inquiétait Elisabeth Liotard, directrice de l’association lyonnaise Viffil-SOS femmes dans les colonnes du Monde juste avant le confinement. “Les hommes violents vont trouver dans cette cohabitation ininterrompue encore plus de prétextes pour se déchaîner et les cycles de la violence vont probablement s’accentuer. Les enfants et les femmes vont vivre dans un climat de pression permanente”.
Le climat est actuellement très lourd, BFMTV se transforme peu à peu en rubrique funéraire et vous impose de ce fait un ressenti mélangé d’angoisse et de paranoïa.
Parallèlement, le gouvernement souhaite la création d’un code qui sera bientôt divulguer pour que les femmes victimes de violences puissent prévenir les autorités via les pharmacies, déjà mis en place en Espagne.
Le gouvernement des îles Canaries a été le premier à réagir face au risque d’augmentation de violences en période de confinement. Dès le 17 mars, un système d’alerte a été mis en place : grâce au mot “Mascarilla-19” qui se traduit par “Masque-19”, les femmes victimes peuvent signaler ces abus aux autorités espagnoles. Pour cela, il leur faut aller en pharmacie et demander à acheter un “Masque-19”, code que le pharmacien comprendra. A lui ensuite de composer le numéro 1-1-2, numéro d’urgence afin d’informer les autorités.
Pourquoi l’Espagne est-elle un modèle ?
Dès 2004, l’Espagne s’est parée d’un budget massif. “Depuis cette année-là, ce sont 200 millions d’euros qui sont injectés chaque année pour lutter contre les violences faites aux femmes”, insiste Alyssa Arhabare. Très loin du million promis par Marlène Schiappa. En France, le collectif Nous Toutes demande que le montant atteigne au moins 500 millions, comme le préconise le Haut Conseil à l’Égalité.
Chaque cas de femme victime de violences conjugales en Espagne est assigné à un policier de cette unité spécialisée qui devient son “agent protecteur“.
“Pour que le système de protection soit efficace, il faut connaître la situation personnelle de la femme, sa situation sociale, économique. Et si c’est le même policier à chaque fois, c’est la meilleure façon de le savoir“
, explique Marta Fernandez Ulloa, la chef de l’unité de protection des femmes au sein de la police municipale de Madrid.
En Espagne, les moyens ont été doublés de plusieurs mesures dont l’efficacité est manifeste : de 71 féminicides en 2003, l’Espagne est passé à 47 en 2018.
“VioGen”, un système informatique de suivi et de protection
Pour évaluer le risque que court la victime, les policiers s’appuient sur un système informatique mis en place au niveau national à partir de 2007.
Ce système pionnier a un fonctionnement simple explique Marina Rodríguez, à la tête du département des violences de genre :
“Dès que tu portes plainte, tu rentres dans le système VioGen. On évalue alors le risque que cette femme soit à nouveau victime de cet agresseur. En fonction de cette évaluation qui détermine 5 niveaux : pas de risque observé, faible, moyen, élevé ou extrême, on va appliquer différentes mesures de protection policière,”
explique Marina Rodríguez.